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Demain, je serai dentiste | ![]() |
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Lundi, 24 Janvier 2011 13:38 |
L'information objective du public en matière de santé dentaire, d'exercice de la dentisterie, ou toute matière connexe, constitue une mission des Clinique dentaire Suisse. C'est pourquoi nous répondons présents lorsque les médias nous sollicitent pour participer à des articles ou des émissions d'information générale. Le 7 juillet dernier, en pleine période d'orientation universitaire, l'équipe Interaction Sociale du groupe Sud-Presse organisait, en collaboration avec la RTBF Namur, une émission radiophonique sur le thème "Demain, je serai dentiste"! Vous trouverez ici la première partie de l'interview de Thierry VANNUFFEL, réalisée à cette occasion et consacrée à l'établissement du numerus clausus. Interview de Thierry VANNUFFEL, sur le thème «Demain, je serai… dentiste!» Carine BILLIARD : On le sait, les métiers de la Santé sont assez bouchés. En ce qui concerne les dentistes, Thierry VANNUFFEL, il y en a aussi un peu de trop? Thierry VANNUFFEL : Pas seulement "un peu de trop" : il y en a beaucoup trop, Madame BILLIARD. Je vous ai apporté quelques chiffres pour fixer les idées. En 1960, il y avait en Belgique un dentiste pour 9.000 habitants, mais à partir de là, cela a commencé à s'aggraver puisque en 70 il y en avait déjà un pour 5.500 habitants, en 80 un pour 2.500 et on en est aujourd'hui à une situation d'un dentiste pour 1.200 habitants. Or existent des normes fixées par l'Organisation Mondiale de la Santé, l'OMS, qui stipulent que dans un pays industrialisé comme la Belgique, il devrait y avoir un dentiste pour 2.000 habitants : cela suffit à satisfaire les besoins de la population. Mais ce que nous constatons en Belgique, c'est donc que nous sommes bien au-delà de cette norme, et que cela cause des problèmes d'équipement des cabinets dentaires qui n'ont plus la rentabilité suffisante pour exercer dans les meilleures conditions. En plus, la pyramide des âges des dentistes est telle que l'on ne doit pas s'attendre à une amélioration avant l'an 2020 : même s'il n'y avait plus un seul dentiste diplômé aujourd'hui et si l'on attendait des départs naturels, ce n'est qu'en 2020 qu'on atteindrait environ la norme OMS d'un dentiste pour 2.000 habitants. Vous voyez qu'effectivement, les nouvelles ne sont pas très réjouissantes. C.B. : Et j'imagine dès lors que l'on a pris ou que l'on va prendre des mesures en matière d'études… T.V. : Voilà, on est en pleine réforme des études actuellement! Cela ne fait pas forcément plaisir aux étudiants, parce qu'ils sont laissés dans un flou artistique total. Mais c'est vrai qu'on travaille dans un cadre juridique extrêmement difficile, qui doit tenir compte essentiellement de trois grandes lois : tout d'abord, il y a la Directive sectorielle de la Communauté européenne, il y a aussi la loi dite "Loi Colla" portant des dispositions sociales du 29 avril 96 – puisque c'est le Ministre COLLA et son administration qui ont commencé à mettre tout cela en œuvre au cours de la Législature qui vient de s'écouler –, et il y a enfin l'Arrêté Royal du 10 novembre 96 qui fixe les modalités de l'agrément des Praticiens de l'Art dentaire titulaires d'un titre professionnel particulier. Alors, c'est très compliqué! En résumé, ce que l'on essaie de faire actuellement en Belgique, c'est de faire passer les études de cinq ans à six ans au moyen d'un troisième cycle – quand je dis "six ans", c'est pour les dentistes généralistes, parce qu'on introduit en même temps la spécialisation en orthodontie qui devrait durer trois ans ou quatre ans, ce n'est pas encore déterminé… C.B. : Donc, au delà des six ans? T.V. : Au-delà des cinq années, puisque la sixième année sera uniquement pour le dentiste généraliste. Et c'est pour l'accès à cette sixième année – ou cette sixième, septième, huitième année – que l'on a établi un quota qui a été déterminé par la Commission de Planification instaurée auprès du Ministère de la Santé Publique, et qui a décidé qu'il y aurait, à partir de 2002 et jusqu'en 2003, 56 dentistes francophones seulement et 84 dentistes néerlandophones qui auraient l'accès à ce troisième cycle. Lesquels? Mystère encore! C'est à déterminer par un examen, qui est différent dans la partie francophone du pays et dans la partie néerlandophone. En un mot : dans la partie néerlandophone , ce qu'on a fait, c'est un examen sec à l'entrée de la première candidature – quand je dis "sec", c'était peut-être même un peu trop sec probablement puisque dans certaines écoles, il y a moins d'étudiants qui ont réussi l'examen que ce qui était autorisé par le quota; du côté francophone, on a décidé de donner le mandat pour le troisième cycle en fin de deuxième candidature; et c'est là qu'en théorie, les étudiants devraient savoir s'ils auront accès à la sixième année, ou pas. Actuellement, ils viennent de terminer, et nous ne sommes pas encore au courant des modalités exactes de choix des étudiants. Ceux-ci pourront de toute façon entrer en licence, mais sans savoir s'ils pourront un jour avoir l'accès à l'exercice professionnel particulier en Belgique. C.B. : Et s'ils n'ont pas accès à cela, qu'est-ce qu'ils pourront faire, ces jeunes? T.V. : Vide juridique total! Ce que l'on peut dire, c'est qu'ils auront de toute façon le diplôme qui existe actuellement – celui de Licencié en Science Dentaire –, qu'avec cela, suivant la Directive européenne sectorielle, ils devraient pouvoir exercer en Belgique, mais comme "dentiste", et donc ni comme "dentiste généraliste" ni comme "dentiste orthodontiste", mais probablement ne pas avoir accès au remboursement de leurs prestations par l'INAMI. Voilà ce qu'on peut dire aujourd'hui. C.B. : Ce qui n'est pas très encourageant pour eux sur le plan de leur profession future… T.V. : Ce n'est pas encourageant, d'autant qu'un diplômé d'un autre pays de l'Union, qui aurait fait cinq ans d'études et viendrait s'installer en Belgique, pourrait revendiquer ce droit au remboursement. Donc, vous voyez, des tas de difficultés juridiques, qui sont actuellement en cours de discussion au sein du Conseil de l'Art dentaire, qui siège depuis une bonne année maintenant, et se rend compte progressivement que Monsieur COLLA, lorsqu'il a légiféré, a peut-être été trop vite, sans demander les conseils au bon moment, disons… Il faudra peut-être repenser cela dans le cadre de la nouvelle Législature. C.B. : Oui, parce que sinon… On est en train de décourager tous les auditeurs qui désireraient se pencher sur ce type d'études! T.V. : Pourtant, je vous assure que c'est un super métier! Pour schématiser le métier de dentiste, je dirais que c'est la conjonction de trois approches différentes. Il y a bien sûr l'approche médicale : la capacité à poser un diagnostic, à rassurer les patients et ensuite mettre en œuvre un traitement, qui sera souvent technique, tout en faisant appel à des capacités de raisonnement. La main n'est jamais que l'instrument du cerveau, ce n'est pas vraiment un métier manuel en soi, et je ne pense pas qu'un bon bricoleur fasse un bon dentiste. À côté de cette approche médicale, il y a l'aspect technologique. C'est un métier qui connaît des bouleversements permanents et qui demande d'ailleurs une formation continue régulière. Il faut des connaissances en médecine générale, en chimie, chimie des matériaux notamment, en biochimie pour le développement des collages par exemple, etc… Et à côté de ces approches médicale et technologique, il y a encore l'aspect artistique, qui fait que, au cas par cas, il y a aussi des petites spécificités à donner à notre travail pour que, par exemple, l'esthétique d'un sourire corresponde à la physionomie générale d'un visage. Ces trois approches différentes font que c'est un métier fantastique. Malheureusement, déjà trop de personnes, surtout dans les années 80, s'en sont rendu compte, et ont décidé de s'engouffrer dans cette filière qui, aujourd'hui, doit sans doute… être abandonnée par beaucoup de jeunes, oui! C.B. : Mais, à quelqu'un de mordu, vous déconseilleriez aussi à l'heure actuelle d'entamer ces études-là? T.V. : Il y aura encore des diplômés de toute façon : au moins 56 francophones en 2002 et en 2003, et cette norme ne devrait pas beaucoup évoluer dans les années à venir. Nous voulons donc qu'il y ait des jeunes diplômés, c'est entendu. Il faut simplement savoir que, au terme d'études longues – quand même : 6 années –, difficiles, coûteuses aussi, il n'y a pas forcément l'exercice professionnel au bout. Il y a peut-être une réorientation nécessaire en cours ou à la fin des études, et il n'y a pas forcément du travail pour chacun non plus. À partir du moment où on sait cela, on peut faire ces études, oui! C.B. : Je pense qu'il fallait le dire! Mais pour ceux qui le veulent vraiment, comment préparer ces études? T.V. : Les études de dentisterie comportent une formation scientifique générale au départ, et se spécialisent sur l'aspect médical par la suite. Il est donc bien évident qu'il faut une préparation idéale au niveau des humanités. On peut conseiller de faire des sciences, c'est-à-dire de pousser la biologie, mais essentiellement la physique et la chimie, car c'est à ce niveau que s'opère la sélection en première candidature. Il ne faut pas non plus négliger l'aspect "langues anciennes", et je pense plus particulièrement au Grec, parce que dans la terminologie médicale, il y a une foule de termes techniques faisant appel à des racines de langues mortes, et l'étudiant qui a eu l'occasion en cours d'humanités d'assimiler ces notions-là, se sent un peu comme un poisson dans l'eau lorsque par la suite il a affaire à ces termes difficiles. Il ne doit plus réfléchir à la signification, c'est devenu naturel. Donc en résumé, pendant la troisième et la quatrième, il faut favoriser le Latin et le Grec. Ensuite, plutôt favoriser les sciences. Voilà l'idéal! C.B. : Est-ce que le cours de mathématiques est un peu éliminatoire en première candi? T.V. : Le cours de maths n'est pas fondamental, en médecine et en dentisterie, même s'il y a bien sûr une approche mathématique. Il est inconcevable que l'on puisse comprendre des études scientifiques comme elles sont publiées si l'on n'a pas fait de mathématiques ni de statistiques. Il y a donc un cours de maths, mais on ne peut pas dire qu'il soit véritablement éliminatoire quant à lui. Donc, je ne pousserais pas spécialement les mathématiques en humanités, et une "spéciale maths" ne présente aucun intérêt. C.B. : Et en ce qui concerne les études elles-mêmes? Voilà, on est inscrit en première candi… T.V. : Les candidatures vont approcher les matières de sciences générales. En première candidature : physique, chimie, biologie… Et en deuxième candidature, on va déjà un peu plus dans les sciences de l'être humain, puisqu'on y étudie l'histologie (l'étude des tissus au microscope), la biochimie, la physiologie, l'anatomie, etc… En somme, l'étude du corps humain sain, dont il faut comprendre le fonctionnement. À partir des licences, il y a une formation de médecine générale, pour avoir un background au cours de l'exercice professionnel, mais évidemment commencent aussi les cours de dentisterie. On apprend donc la pathologie carieuse et non carieuse, les thérapeutiques qui y sont associées, etc… et cela mène aux stages cliniques qui commencent à la moitié de la seconde licence. Là on suit au fauteuil un étudiant de cinquième année, et progressivement on va prendre les outils et soigner les patients, non sans avoir fait tout cela sur des mannequins et des dents artificielles au cours de stages pré-cliniques de la première licence. On a donc déjà une dextérité poussée lorsqu'on commence les stages cliniques. Toute la troisième licence va être consacrée à ces stages, et on y ajoute encore quelques cours de médecine, comme l'ORL, la dermatologie… des notions éthiques et la législation sont également enseignées. Enfin viendra cette fameuse sixième année de qualification pour le titre professionnel particulier de dentiste généraliste ou les sixième, septième, huitième et peut-être neuvième années pour le titre professionnel particulier d'orthodontiste. Ce sera essentiellement pratique, pour partie en milieu universitaire et pour partie en milieu privé, avec un tronc commun entre les deux formations particulières. Tout cela est débattu actuellement au sein du Conseil de l'Art dentaire. Donc, une formation très complète au départ et qui se spécialise progressivement. C.B. : Merci. Il fallait savoir tout cela! |
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