Payer pour être payé !
Payer pour être payé !

Émile VANHULLE

L’EURO ARRIVE. Les chèques vont s’en aller.

Dès cette fin 2001 ils ne seront plus garantis par aucune banque. Les cartes de paiement se sont multipliées dans le portefeuille de chacun et tous les moyens sont mis en oeuvre pour qu’on les utilise. Les mutuelles remboursent de moins en moins en liquide à leurs guichets, sécurité oblige. Certaines d’entre elles sont équipées pour rembourser celui qui le souhaite par recharge de carte Proton. Enfin, la carte de sécurité sociale SIS est généralisée et sa mise en oeuvre, certes un peu laborieuse, est maintenant réelle dans les hôpitaux et dans les pharmacies pour le règlement en tiers-payant.

L’argent devient virtuel.

Ce n’est pas neuf, le processus s’accélère. Vous, dentistes, êtes peut-être confrontés à des demandes de patients, ou bien souhaitez-vous sécuriser d’avantage vos recettes ou rationaliser la perception de vos honoraires? Ou tout simplement voulez-vous vous inscrire dans l’évolution de la société?

Nous nous sommes intéressés à la chose et nous allons essayer de faire le point sur ce qui existe.

Il existe trois systèmes de paiement électronique :

- Les cartes de débit = Bancontact-Mistercash (BC/MC) : retrait immédiat du compte du patient en fonction d’un solde minimal établi par sa banque, crédit quasi immédiat de notre compte bancaire. Tout le monde connaît. Une transaction = une communication téléphonique. Le besoin d’une seconde ligne téléphonique réservée à cet usage peut éventuellement se faire sentir. Y penser au moment de faire le bilan financier sur le coût des systèmes…

- Les cartes de crédit = VISA, EUROCARD, AMERICAN, DINER’S : décompte mensuel pour le patient avec ou non délai de paiement, crédit de notre compte dans les jours qui suivent l’opération, sécurité de paiement pour le dentiste, mais commission prélevée au passage par le “provider” (1,7 % chezVISA/EUROCARD et 3,1 % chez AMERICAN et DINER’S) Même réflexion à propos de l’utilité d’une seconde ligne téléphonique.

- La carte PROTON = portefeuille électronique dont la contenance est actuellement limitée à 5.000 francs et qui est rechargeable un peu partout (et même chez le dentiste s’il possède un appareil téléphonique ad hoc). Le lecteur de carte fait office de tiroir-caisse et est “vidé” de son contenu quand vous le souhaitez, l’argent étant transféré sur votre compte par branchement du terminal sur votre ligne téléphonique. Un simple appel suffit et il n’est pas nécessaire de prévoir de seconde ligne.

Il existe différents acteurs sur le marché.

La société BANKSYS en est un leader. Il faut dire qu’elle seule fournit le software pour BC/MC et PROTON puisqu’elle est le développeur des systèmes. Elle jouit ainsi d’un quasi monopole sur le marché et ne se prive pas pour en user. Il y a aussi d’autres intervenants comme BELGACOM, les sociétés WHICH, VALOR qui ne fournissent que le matériel. La banque EUROPABANK peut être intermédiaire pour les paiements par VISA en lieu et place de la firme BANK CARD COMPANY.

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À propos des cartes SIS (carte de sécurité sociale) :

actuellement les dentistes n’ont accès qu’aux informations de base (nom, prénom, ddn) car nous ne disposons pas de “clé” pour un accès à des données plus spécifiques. Des discussions sont en cours au Ministère des Affaires Sociales, de la Banque Carrefour etc. pour étendre l’accès à tous les dispensateurs médecins, dentistes, kinés, infirmières… Cela devrait être le cas cette année encore, et cela intéressera les praticiens ayant recours au tiers-payant. Mais dès maintenant, certains logiciels dentaires peuvent charger les données de base pour compléter le dossier informatique. A vous de juger si ce service peut vous être utile dans votre pratique car il se paie.

BANKSYS commercialise deux terminaux. Le C-ZAM I qui lit les cartes PROTON et SIS et le C-ZAM SMASH qui lit tout : PROTON, SIS, BC/MC, VISA et autres, et même les cartes de fidélité de certaines grandes surfaces.

PROTON verse toute la somme contenue en une fois sans fournir de détail sur votre extrait et cela au moins une fois par mois et en tous les cas dès qu’il y a 100.000 francs dans la puce. Libre à vous de le “vider” plus souvent. Quatre transferts mensuels sont inclus dans le forfait de facturation du service.

À retenir :

si on vole le terminal, on vole la caisse! Mais le contenu est inutilisable car lié a un seul compte, le vôtre.

BC/MC verse la somme à chaque opération. La gestion est aisée et transparente.

BC/MC = une communication téléphonique à chaque paiement (on-line)

VISA et consorts : idem.

Revenons à nos paiements électroniques. Ceux-ci sont tous des paiements sur compte bancaire. Le reçu de votre carnet d’attestations affichera le montant “zéro”, le livre-journal lui se complétera à la bonne rubrique (“honoraires banque”).

Et si vous travaillez à plusieurs? Avec votre épouse ou en collaboration multiple? Là peut surgir un petit problème. En effet, un seul compte est lié à un appareil. L’argent sera donc versé sur le compte d’une personne ou d’une société, qui aura la charge de répartir les fonds ultérieurement. Si chaque collaborateur veut percevoir directement ses honoraires, il faudrait multiplier le nombres d’appareils. Cela pourrait donc devenir difficilement gérable. A vous de voir.

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Et le prix de tout cela, “ma bonne Dame“?

Avec TVA s.v.p. et en “bon vieux” francs belges.

Le C-ZAM I doit être acheté. Deux services possible : PROTON et SIS

Donc en “one shot” :

achat et activation Proton ou SIS = 18.959 francs

achat et activation Proton et SIS = 20.856 francs

et en frais récurrents :

maintenance SIS = 177 francs/mois = 2.124 francs/an

maintenance terminal (omnium) = 1.264 francs/an

service Proton = 0,7 % du montant transféré + 10,1 francs de frais pour transfert nocturne (de 20h à 8h) ou 25,3 francs pour transfert diurne (de 8h à 20h).

facturation mensuelle, domiciliation, contrat de 4 ans, indexation annuelle.

Coût de fonctionnement minimal annuel hors amortissement et appels téléphoniques : 2.124 francs, plus le pourcentage prélevé sur les sommes transférées et les frais.

Le C-ZAM SMASH doit être loué.

location = 1.802 francs/mois (base et imprimante, cette dernière est obligatoire pour paiements par CC)

activation BC/MC, Proton = 3.792 francs

activation BC/MC, Proton, SIS = 5.688 francs

abonnement : 1.338 francs/mois pour 120 transactions, 2,8 francs par transaction supplémentaire

Service Proton = 0,7 % du montant transféré + 10,1 francs de frais pour transfert nocturne ou 25,3 francs pour transfert diurne.

maintenance SIS = 177 francs/mois = 2.124 francs/an

maintenance terminal = 600 francs/mois = 7.200 francs/an

facturation mensuelle, domiciliation, contrat de 4 ans, indexation annuelle.

Coût de fonctionnement minimal annuel hors appels téléphoniques et les pourcentage et frais prélevés sur les opérations par PROTON s’il échet : 44.880 francs

Chez BELGACOM, on s’entend bien avec BANKSYS au point d’avoir créé une société conjointe. On vous fournira donc des appareils quasi identiques aux couleurs de Belgacom. BC/MC, PROTON, CC sont lues par ces machines. Les renseignements fournis sont à l’image de BELGACOM : pas toujours précis et pas complets.

location = 1.487 francs/mois

activation BC/MC, Proton = 3.792 francs

abonnement : 2.232 francs/mois pour 120 transactions, 2,8 francs par transaction supplémentaire

service Proton = 0,7 % du montant transféré + 10,1 francs de frais pour transfert nocturne ou 25,3 francs pour transfert diurne.

facturation mensuelle, domiciliation, contrat de 4 ans, indexation annuelle.

Coût de fonctionnement minimal annuel hors appels téléphoniques et les pourcentage et frais prélevés sur les opérations par PROTON s’il échet : 44.628 francs

Autre appareil chez BELGACOM, ne lisant que les cartes de crédit. Deux options : communication à chaque transaction (on-line) ou communication globale une fois par jour (off-line).

location = 1.487 francs/mois = 17.844 francs/an (on-line)

location = 1.859 francs/mois = 22.296 francs/an (off-line)

Coût de fonctionnement minimal annuel hors appels téléphoniques et commissionnement du provider : 17.844 francs.

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Chez WHICH, on commercialise le terminal “MAGIC 600” qui lit uniquement les cartes de crédit. On-line ou off-line (cf. BELGACOM) Assurance omnium comprise.

location = 1.948 francs/mois = 23.376 francs/an (on-line)

location = 2.662 francs/mois = 31.944 francs/an (off-line).

Contrat de 4 ans.

Coût de fonctionnement minimal annuel hors appels téléphoniques et commissionnement du provider : 23.376 francs.

Ces tarifs sont des maxima car des remises substantielles (plusieurs centaines de francs) peuvent être accordées en cas de commandes multiples. Avis aux dentistes désireux de constituer une centrale d’achat.

Chez VALOR (eh oui les anciens timbres Valois de l’épicerie de notre enfance), un terminal lisant uniquement VISA peut être loué au prix plancher de 1.150 francs par mois.

Coût de fonctionnement minimal annuel hors appels téléphoniques et commissionnement du provider : 13.800 francs.

Un modèle prévoyant la lecture des cartes BC/MC est attendu pour septembre. Le fin du monopole de BANKSYS??? Le prix de location n’est pas encore connu mais devrait se situé aux alentours des 3.000 francs par mois.

Chez EUROPABANK, intermédiaire VISA et EUROCARD, un projet existe de mettre sur le marché en juillet 2001 et avec le concours d’une société active dans l’internet un terminal au prix de 1.029 francs par mois, incluant les coûts de communications téléphoniques et offrant un site web au commerçant. A voir prochainement donc et donné sous toutes réserves. Cette banque n’exige pas d’ouverture de compte chez elle pour réception des fonds et ne vend actuellement aucun matériel. Taux de commissionnement : 1,7 %.

Coût de fonctionnement minimal annuel et commissionnement du provider : 12.348 francs. Sous réserve.

En conclusion :

Déjà bien implantés dans tout le réseau commercial, les fournisseurs attaquent maintenant le secteur des services comme le nôtre. Des nouveautés sont attendues pour les tous prochains mois. La précipitation n’est donc pas de mise, et nous vous conseillons de commencer votre réflexion sur le sujet. Les implications sont en effet multiples. Pour notre part, nous suivons le dossier et nous vous tiendrons informés de développements éventuels.

Voilà, maintenant vous comprenez mieux le titre de cet article : “payer pour être payé”. Non seulement cela n’est pas spécialement donné mais en plus cela risque de devenir carrément incontournable. Des frais en plus. Que certains répercuteront fort logiquement dans leurs honoraires. Les praticiens conventionnés, eux, seront une fois de plus les dindons d’une farce… toujours plus lourde à digérer.

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