Or il n'est pas logique de croire que des maladies infectieuses puissent se transmettre d'une génération à l'autre via le patrimoine génétique. La réponse est donc catégoriquement négative : si votre père, et votre mère, et votre grand-oncle et encore votre bisaïeul ont perdu toutes leurs dents avant d'atteindre l'âge de vingt ans, rassurez-vous!

Il n'y a en effet que les cas rarissimes d'anomalies de constitution qui pourraient se transmettre, et encore de façon très parcimonieuse. Au contraire, il y a de plus fortes chances que les infortunés membres de votre famille aient perdu leurs dents du fait de caries ou de maladies des gencives. Dans ce cas, rien de scientifique ne permet d'affirmer que vous subirez le même sort. A vous d'entretenir votre dentition pour éviter les ennuis.

Même des ressemblances anatomiques, ou une composition salivaire voisine, entre vos dents et celles de vos proches ne sont pas suffisantes pour expliquer une analogie des maladies.

Et pourtant… Il faut bien admettre que le dentiste doit souvent constater qu'il semble y avoir une similitude dans les problèmes présentés par les patients issus d'une même famille. Tel enfant exempt de toute carie est le frère d'une petite fille à la dentition parfaite, ou encore ce quinquagénaire aux gencives sanguinolantes est le fils de la patiente pour laquelle il est nécessaire de confectionner une quatrième paire de prothèses.

Comment expliquer ces constatations si fréquentes s'il n'existe aucun caractère génétique dans les maladies dentaires?

Il faut ici analyser d'un peu plus près la parenté réelle qui unit ces patients semblables, et l'on observe alors que leur lien est très étroit, à tel point qu'ils logent sous le même toit. Ils sont frères et sœurs, ou il s'agit d'un couple, et ils partagent leurs habitudes alimentaires et leur ferveur à l'hygiène, de sorte que, la même cause engendrant les mêmes effets, il finissent par présenter des profils dentaires ressemblants.

Ainsi, s'il on associe des gens sous un même toit, vont-ils plus ou moins rapidement évoluer vers un état dentaire semblable. A l'inverse, si l'on sépare des cohabitants, des différences inexistantes au départ peuvent apparaître.

Par exemple, un enfant aux dents mal entretenues en provenance d'une famille désunie, et recueilli là où l'on veille à tous les aspects de la santé, acquerra un brossage limitant les effets dévastateurs de son passé peu brillant, dont il n'aura pas trop à souffrir.

Il y a aussi le cas de la jeune fille, élévée dans une famille à l'hygiène irréprochable et à l'alimentation équilibrée, qui conserve une dentition parfaite jusque l'âge de 18 ans. A ce moment où elle rentre en faculté, le temps libre de Mademoiselle devient plus restreint, avec pour conséquence une diminution de la qualité de l'hygiène et l'adoption d'une alimentation plus industrielle. Les dégâts à la dentition se font rapidement sentir, et l'aspect buccal de la jeune fille diverge alors brutalement de celui de sa sœur puînée restée au foyer parental.

En matière de dentition, on ne peut donc pas parler de transmission génétique, mais plutôt de caractère "familial" acquis par des conditions de vie identiques.