Dès 1916, l’on s’était rendu compte que, contre toute attente, le mitage de l’émail n’augmentait en rien la sensibilité à la carie dentaire, et, à partir de 1933, les études abondèrent qui rapportaient une diminution de l’incidence carieuse dans les contrées où régnaient les colorations endémiques. Restait qu’il n’est pas intéressant de renforcer les dents de la population, si le prix à payer en est un sourire franchement inesthétique! Cependant, si l’on étudie la relation existant entre la concentration en fluor de l’eau de distribution, la diminution du nombre de caries et l’apparition du mitage, on arrive à la conclusion suivante : l’effet bénéfique du fluor augmente jusqu’à une concentration "idéale" de 1 ppm (1 part de fluor pour 1 000 000 de parts d’eau), puis, alors que cet effet bénéfique ne croît plus guère, les discolorations apparaissent et s’aggravent tant qu’augmente la proportion de fluor. La diminution de l’incidence carieuse dans les régions à eau de distribution fluorisée atteint le chiffre extraordinaire de 60 pour cent.

Depuis lors, des études épidémiologiques fouillées ont été entreprises dans tous les pays du monde, et il ne se passe guère de mois aujourd’hui encore que des résultats nouveaux ne soient publiés dans la littérature scientifique : tous mettent en évidence les qualités prophylactiques indiscutables du fluor. Les spécialistes ne sont pas toujours d’accord sur un chiffre exact, et peut-être l’estimation première était-elle un peu surfaite, mais même dans le cas où il conviendrait de diviser cet espoir par deux, le bénéfice serait encore de trois caries évitées sur dix, ce qui reste considérable pour une simple consommation d’eau de distribution fluorisée!