Extrait-on encore les dents?
Faut-il appréhender une extraction?


Les progrès de la médecine dentaire ont été considérables en cette seconde moitié de vingtième siècle, et tout porte à croire que des découvertes plus significatives encore verront le jour dans les décennies prochaines. Grâce à ces progrès spectaculaires, il n’est pas déraisonnable d’espérer, dès aujourd’hui, conserver son capital dentaire toute la vie. C’est le but que tout dentiste se fixe dans sa pratique quotidienne : la dent est une entité vivante qui doit rester fonctionnelle le plus longtemps possible dans la bouche du patient. La douleur n’est en rien un incitant à l’extraction, comme c’était systématiquement le cas par le passé, et une dent même fortement douloureuse, si elle est soignée dans les meilleures conditions, peut subsister en bouche, presque sans séquelle, pendant plusieurs décennies, et continuer ainsi à remplir toutes les fonctions auxquelles elle est destinée. L’extraction constitue donc désormais un acte épisodique dans la pratique du dentiste.

Néanmoins, il subsiste des cas où l’extraction reste nécessaire et parfois même souhaitable.

L’exemple le plus explicite est celui de l’extraction pour raison orthodontique. Déjà en dentition temporaire ou mixte, le dentiste est amené à extraire une ou plusieurs dents de lait de manière à favoriser l’éruption en bonne place des dents définitives voisines. De plus, afin d’aligner correctement les dents d’un enfant ou d’un adulte, l’orthodontiste doit trouver un espace libre qui permette l’harmonisation des arcades dentaires. Certains cas peuvent être résolus sans extraction, d’autres cependant ne trouve leur solution que dans le "sacrifice orthodontique" de quatre dents définitives, souvent les dents de sagesse, parfois les prémolaires ou même d’autres dents dont l’état de délabrement justifie qu’elles soient choisies pour le sacrifice. Si l’orthodontiste, après de mûres réfexions et analyses sur moulages en plâtre et radiographies, prescrit l’extraction de dents même saines, les parents ne doivent pas hésiter, dans l’intérêt même de leur enfant, à faire procéder à l’intervention.

Une autre raison réaliste de procéder à l’extraction est d’ordre "stratégique". Avant confection de prothèse dentaire, un bilan complet de l’état de la bouche doit être entrepris, d’une part pour s’assurer de la longévité des dents restantes, et d’autre part pour élaborer le plan de la future prothèse, comme un architecte élabore de façon minutieuse et détaillée les plans d’une maison à construire. Il s’avère que parfois, une dent ou l’autre est particulièrement douteuse à long terme, ou plus simplement que sa forme, son axe ou sa situation ne permette pas la confection d’un appareil dentaire confortable et esthétique. Mieux vaut alors perdre une dent gênante, que la conserver et ne pas supporter par la suite une prothèse faite à l’"à peu près"!

Il existe malheureusement des raisons moins nobles de recourir à l’extraction. Trop de patients, apeurés par le mythe du dentiste ne se présentent à la consultation que bien trop tard. A ce moment, s’il est possible de conserver la dent de manière satisfaisante, le dentiste fera tout ce qui est en son pouvoir pour la sauver. Mais à l’impossible, nul n’est tenu… et parfois l’extraction sera la seule solution, avec tout son cortège de conséquences : mastication altérée, défaut de prononciation, esthétique atteinte, mouvement des dents voisines qui aggrave encore ces problèmes.


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